La ville de Montréal a connu une vague migratoire venant de partout, notamment des demandeurs d’asile haïtiens, dans la période 2017 à 2018. Ce phénomène n’a pas laissé indifférent les chercheurs et les essayistes. Les églises, dans ce contexte général, semblent jouer un rôle significatif dans l’établissement des demandeurs d’asile aux côtés des institutions publiques et des organismes communautaires. Á la suite de ce constat, une équipe de chercheurs au Département de Sciences des religions de l’Université du Québec à Montréal (UQAM) a été obligé de diligenter une étude sur le rôle des leaders religieux dans le processus de résilience de ces demandeurs d’asile. Mais la dynamique de terrain donne à voir que les Églises s’inscrivent aussi dans un processus d’intégration, auquel nous sommes intéressé à révéler. Autrement dit, comment les Églises ont habité, au travers des pratiques religieuses, l’« espace social » (Clavel, 1996, p. 85) dans ce contexte migratoire. Pour faire cette représentation, le contexte d’intervention des leaders religieux est mis en avant, ensuite la description des différents rapports des églises avec les demandeurs d’asile. Puis, nous esquissons une signification de ce phénomène églises et demandeurs d’asile à Montréal. Ce travail est rendu possible, grâce à 10 entrevues des leaders et 20 des demandeurs d’asile que nous avons réalisé. C’est donc par le langage que nous allons construire cette représentation sociale.
1.- Le Contexte d’intervention des leaders religieux
Il existe toute une panoplie de contextes entourant la rencontre des églises avec les demandeurs d’asile. Les églises haïtiennes, inspirées de leur double mission spirituelle et sociale, se voient obligées d’intervenir auprès des demandeurs d’asile en vue de contribuer à leur intégration au Québec. Il semble qu’elles n’aient pas réussi à prouver que les leaders religieux avaient un enjeu commun et une stratégie commune à travers cette enquête. Il n’en demeure pas moins qu’ils ont réussi à faire des activités sociales, dont les résultats témoignent, jusqu’ici, de leur utilité dans le processus d’intégration des demandeurs d’asile. Comment donc les Églises sont-elles amenées à participer dans ce processus? Grâce au réseau social Facebook, à la presse parlée et télévisée, à la communication “de bouche-à-oreille”, pour ne citer que cela, elles ont été touchées. Quels ont été les mécanismes d’interaction des églises avec les demandeurs d’asile? Trois mécanismes ont été constatés : « interaction amicale ecclésiastique », « interaction familiale ecclésiastique », et « interaction fortuite ecclésiastique ». Nous entendons par interaction amicale ecclésiastique, d’une part, la relation que les demandeurs d’asile ont construite avec les églises par l’entremise de leur ami. Par interaction familiale ecclésiastique, d’autre part, les liens qui sont tissés par des demandeurs d’asile haïtiens par le biais de leur parent. Enfin, par interaction fortuite ecclésiastique, le genre de relation qui s’est établie avec l’église là où l’on ne s’attendait pas du tout, c’est-à-dire des circonstances fortuites entraînent les demandeurs d’asile à envisager d’entrer en contact avec des églises. Les Églises, en plus, d’établir des liens religieux, construisent des liens sociaux significatifs dans l’installation de ces derniers. Qu’il soit l’interaction fortuite ecclésiastique, qu’il soit l’interaction familiale ecclésiastique, qu’il soit l’interaction amicale ecclésiastique, l’apport des églises est d’abord social pour les demandeurs d’asile. Après avoir décrit les circonstances dans lesquelles les Églises sont entrées en action, il importe de voir les rapports de l’Église avec les normes, les rapports de l’Église avec la culture et les rapports de l’Église avec les acteurs sociaux (demandeurs d’asile) et avec d’autres institutions.